Entre Chien et loup
1-Canidé comme le chien mais toujours sauvage
Le Loup Gris est une espèce de canidés (Canis lupus lupus). Ils vivent à l’état sauvage et sont dans le Mercantour de lignée italienne.
Le chien (Canis lupus familiaris) est une sous-espèce du Loup, domestiqué par l’homme depuis la Préhistoire. La lignée entre chien et loup gris s’est différenciée génétiquement, il y environ 100 000 ans (K. Kris Hirst, « Dog History How were Dogs Domesticated?). Le chien est devenu le meilleur ami de l’Homme et le loup est peu à peu exterminé en France jusqu’à sa disparition quasi totale en 1913.
L’histoire sommaire du Canis lupus lupus
Le loup en France et dans les Alpes Maritimes
2- Famines et Loup-Garou

Au Moyen Age, il accompagne les guerres, épidémies et famines en trouvant sur ces terrains leur nourriture et ainsi ils alimentaient les peurs collectives. La phobie du loup est à son apogée avec les “folies louvières” (lycanthropie clinique). Une maladie psychiatrique dans laquelle le patient se croit transformé en loup. Les famines entraînant le cannibalisme de certains, qui devenant accoutumés à la chair humaine, se couvriront d’une peau de loup pour continuer leur consommation en tuant d’innocentes victimes (La Peur en Occident, XIVe-XVIIIe siècle, Jean Delumeau).
Le XIVe siècle est riche en témoignages de crimes et harcèlements de dégénérés déguisés en loup. D’où la mauvaise réputation au loup avec la légende du loup-garou (ou lycanthrope). Là-dessus le loup est associé par l’Eglise impuissante à une punition divine tout comme les famines, la peste etc.
La mise à prix du loup
Primes, battues, pièges, empoissonnements
3- Conflits d’intérêts entre bergers et loup
Afin de protéger l’élevage pastoral des attaques de loup, la lutte organisée débutera dés le Moyen Age. Ils commence par de grandes battues les dimanches et jours de fêtes.
A cela s’ajoute des primes financées par l’État. Ces primes font de la chasse de ce prédateur, une légitime défense de la population pastorale. Mais cette légitime défense visera in fine à la destruction totale de l’espèce en France.
Des meutes trop proches des villes dans les Alpes Maritimes
Le 11 avril 1804, le Conseil Municipal de Nice organise une battue avec les effectifs de la Garde Nationale. Cette battue colossale à pour but de détruire les meutes vivant aux abords de Nice. Ils décident dans le même temps d’une prime de 60 livres à ceux qui apporteraient leur tête (Délibérations XIII, archives Municipale de Nice). Cette extermination financièrement encouragée, est de nouveau codifiée par une loi du 3 août 1882. Les primes de la chasse au “grand méchant loup” seront les suivantes :
100 francs pour un loup, 150 francs pour une femelle, 40 pour un louveteau et 200 francs si le loup s’est jeté auparavant sur des êtres humains.
4- La peur justifie les moyens
En 1826, si sa menace est écarté du littoral, il n’en reste pas moins selon le naturaliste Risso que le loup “séjournait dans nos bois et y apparaît toute l’année“. De 1840 à 1850, leur population augmente dans le Haut Pays ainsi que les attaques et morsures quotidiennes de loups affamés atteints de la rage. Les bergers accompagnés de chiens, s’équipent de fusil afin de se protéger. La population n’ose plus voyager ou s’écarter des villages. On imite son cri pour s’assurer aucun écho aux alentours. La chasse redouble par tous les moyens : pièges et collets, carcasses empoisonnées, chasseurs spécialisés etc. Mais c’est par le poison qu’ils furent massivement tués car depuis 1913, l’apparition du loup se fait extrêmement rare.
Extermination par l’homme
5- Une espèce exterminée en France, conservée en Italie
Après des siècles de chasse, le loup est officiellement exterminé en Haute Marne en 1942, dans l’Ariège en 1981 et les Alpes Maritime en 1987 avec un loup abattu à Fontan. Si la France a éradiqué l’espèce, l’Italie voit aussi l’espèce menacée d’extinction au XXe siècle. Mais ce pays voisin maintiendra la petite population restante dans le parc national des Abruzzes et en Calabre. Ces réserves naturelles protégées et transfrontalières au Mercantour peuvent expliquer la réapparition en France de ce prédateur. En 1992, on signale un couple de loups dans le secteur de Mollière (Mercantour).
Espèce protégée mais encore décriée
Réapparition et protection de l’espèce
Le loup est protégé par la Convention de Berne (1979) et à la suite de sa réapparition officielle dans le Mercantour en 1992, un arrêté ministériel du 22 juillet 1993, le déclare comme une espèce protégée. Ce statut signifie donc pour les Etats et la France de veiller à la conservation de l’espèce et de ses habitats.
Des bergers inadaptés à son retour
Le loup chasse ongulés, mouflons et chamois mais s’intéresse également aux moutons, proie facile à attraper, appétissante et en grand nombre puisque les troupeaux font 100 têtes ou plus. Les bergers inadaptés et vulnérables face à sa réapparition expriment leur problématique, leurs attaques sont un coût financier et psychologique à prendre en compte.
6- La crise du pastoralisme et les mesures de l’Etat
L’Association pour la Promotion du Pastoralisme dans les Alpes-Maritimes (APPAM) déclare que de 1998 à 2000, 54% des exploitations ovines auraient disparu dans la région. Une commission d’enquête parlementaire en 2003, rétorque que “la prédation sur les troupeaux n’est pas une fatalité” et demande aux élus et syndicats agricoles de “se pencher sur les causes profondes de la crise du pastoralisme : concurrence internationale, problèmes sanitaires, mévente…” Afin d’aider les bergers, une indemnisation des animaux d’élevage tués par le loup est versée par l’Etat après enquête. Aussi les moyens de protection pour les activités pastorales doivent être mis en place (Patou, parc électrifié pour les nuitées, présence constante de l’homme) et aussi les tirs de défense sont autorisés en dehors des Parcs Naturels pour dissuader les loups venant à menacer le berger. Aujourd’hui il faut s’adapter à son retour et partager le territoire avec les loups.